« Il rentra en lui-même et se dit … je me lèverai, j’irai vers mon père et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. »

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Année C 4ème dimanche de Carême Luc 15,11-32
Du Traité de l’Amour de Dieu Livre 3, chap. 3 (IV 174)

Employons une parabole, Théotime : Un roi avait épousé une jeune princesse ; s’entretenant un jour avec elle, elle tomba subitement évanouie devant lui… Cela le bouleversa, car il l’aimait plus que sa propre vie. Néanmoins, cet amour lui donna la force de se reprendre, et d’agir rapidement pour remédier au mal de la compagne de sa vie. Il ouvrit de force ses lèvres et y jeta une précieuse liqueur qu’il avait prise dans sa bouche, et la fait enfin revenir à elle…  Il la releva doucement… ; elle reprit des forces et commença à se promener avec son aide… ; il la soutenait par le bras jusqu’à ce qu’elle marche toute seule…

L’âme juste est l’épouse de Notre-Seigneur … Or, quand l’âme, qui a cet honneur, tombe dans le péché, comme dans une défaillance spirituelle, cet accident est bien surprenant ; car, qui pourrait penser qu’une créature voulût quitter celui qui est son Créateur pour des choses si légères comme le péché ? Si Dieu était sujet aux passions, son cœur défaillirait devant un tel malheur, comme lorsqu’il expira sur la croix pour nous racheter… Quand il voit une âme se précipiter dans le péché, il accourt à son aide ; dans sa miséricorde inépuisable, il se tient à la porte de son cœur, l’entrouvre par des remords de conscience, des éclairs de lucidité … il tâche par tous les moyens de ramener l’âme, de la remettre dans de beaux sentiments, de la faire revenir aux eaux vives. Tout cela, Dieu le fait « en nous, sans nous » par sa bonté. Il nous précède de sa tendresse.

Car comme notre épouse évanouie serait morte sans le secours du roi, ainsi l’âme se perdrait dans son péché si Dieu ne venait à son secours… Mais il ne la conduit pas seulement, tandis qu’il lui inspire ces actes de vertu, il marche à ses côtés, la soutient, la porte … on ne saurait dire si elle marche d’elle-même ou si elle est portée…

Pour parler comme saint Paul, elle pourrait dire : Je marche non pas moi seule, mais la grâce de Dieu avec moi.